Québec, 9 novembre 2023
Sous-financement chronique des transports collectifs: des impacts sociaux importants
Mardi, à l’occasion de la mise à jour économique, le Gouvernement du Québec a confirmé qu’il couvrirait, pour 2024, 265 millions de dollars, soit, selon son calcul, 70% du déficit des Sociétés de transport. Une offre finale après s’être d’abord engagé à ne couvrir que 20% de ces déficits¹.
Si cette offre bonifiée est bienvenue, elle est loin d’être suffisante et reposerait, selon les maires de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM), sur une façon de calculer ne tenant pas compte du déficit réel². En outre, un gouvernement qui se contente de combler des déficits est loin d’être visionnaire. Nous dirions même qu’il n’assume pas sa responsabilité d’assurer la pérennité et le développement de ce qui, après tout, est un service public.
Ces dernières semaines, nombre de réactions aux offres gouvernementales en termes de couverture du déficit des sociétés de transport ont fait les manchettes. Il est question de décisions préoccupantes qu’elles auront possiblement à prendre telles que devoir réduire les heures de service ou mettre à pied des chauffeuses et chauffeurs. Cette baisse de service aurait des effets majeurs pour la population. Elle impacterait sur la capacité de tous et toutes de se déplacer et marquerait un recul inacceptable dans la lutte pour la transition socio-écologique. Pour les personnes à faible revenu, ces impacts seraient encore accrus.
Pour des raisons financières, le choix d’options de transport de nombre de personnes à faible revenu est beaucoup plus limité. Ainsi, le manque de transport collectif adéquat a des répercussions d’autant plus importantes sur leurs possibilités de déplacement. Alors que la mobilité conditionne le respect et la mise en œuvre de droits, dont les droits au travail et à la santé, la réduction par des Sociétés de transport du nombre et du rayonnement de leurs circuits compromettrait la possibilité même d’avoir accès à des services de base. Concrètement, cela signifie moins d’accès aux soins médicaux, aux épiceries plus abordables, aux organismes communautaires. Cela veut aussi dire des possibilités réduites d’accès à des institutions scolaires, des garderies, des lieux de travail ou de participation sociale.
En plus des coupures de services, nous appréhendons que les coûts des titres de transports collectifs soient encore augmentés. Face au prix déjà trop élevé des titres de transports, nombre de personnes doivent réduire leurs déplacements au strict minimum, entraînant pour plusieurs des impacts sur leur santé physique et mentale, les mettant dans une situation d’isolement et d’exclusion sociale. Advenant une hausse des coûts supplémentaires résultant de la conjoncture actuelle, les inégalités sociales s’accentueront.
Au-delà de plus grandes villes du Québec desservies par des Sociétés de transport, le sort des services de transport collectif préoccupe. En raison du sous-financement chronique, des services de transports collectifs interurbains ou desservant de plus petites municipalités ont dû mettre fin à leurs activités.
Alors qu’il est urgent de lutter contre les changements climatiques et de réduire les émissions de gaz à effet de serre, nous voulons un gouvernement proactif en matière de transports collectifs. Un gouvernement qui a une ambition plus grande que de combler des déficits attribuables pour une bonne part au sous-financement chronique. Quand aurons-nous un gouvernement qui entend les transports collectifs comme un investissement, voire plus, un vecteur de justice sociale? Nous y croirons lorsqu’il aura l’ambition de financer les transports collectifs de façon structurante, notamment en finançant la mise en place et le fonctionnement de programmes de tarification sociale basée sur le revenu partout au Québec.
1.Maxime Pednault-Jobin,Québec offre 265 M$ pour combler en partie le déficit des sociétés de transport collectif pour 2024 , TVA Nouvelles, 2 novembre 2023
2 Jean Corriveau, Québec épongera 70% des déficits des sociétés de transport en commun en 2024, Le Devoir, 3 novembre 2024
Signataires:
Émilie Frémont-Cloutier, Collectif pour un transport abordable et accessible à Québec (TRAAQ)
Julie Corbeil, Table régionale des organismes volontaires d’éducation populaire(TROVEP)de Montréal
Sarah V. Doyon, Trajectoire Québec
Chantal Bisson, Table nationale des Corporations de développement communautaire (TNCDC)
Isabelle Reid, Regroupement des organismes en éducation populaire autonome de la Mauricie (ROÉPAM)
Jean Lalande, Mouvement pour un transport public abordable (MTPA)
Jessica Lambert, Mouvement d’éducation populaire autonome de Lanaudière (MÉPAL)
Michel Dubé, Action Populaire Rimouski-Neigette
Virginie Bernier, Coalition montérégienne pour la tarification sociale en transport
Serge Petitclerc, Collectif pour un Québec sans pauvreté
Source:
Emilie Frémont-Cloutier
Animatrice sociale
Collectif pour un transport abordable et accessible à Québec (TRAAQ)
418 525-6187 poste 222
transportscapmo@gmail.com