Enfin, le retour des correspondances papier!
Maintenant, le RTC doit améliorer sa sensibilité aux réalités des personnes démunies.
Québec, le 20 août 2021 – Le Collectif pour un transport abordable et accessible à Québec (TRAAQ) accueille avec joie et soulagement le retour longuement attendu des correspondances papier au RTC, le 2 août dernier. Il dénonce cependant la lenteur qu’a pris le RTC à prendre en considération les torts importants que leur absence a causé aux personnes les moins nanties de notre communauté.
Depuis mai 2020, le RTC refusait de remettre une correspondance papier aux citoyens et citoyennes payant leur passage en argent comptant. Par conséquent, lorsque la montée dans un autre autobus était nécessaire, ils et elles étaient dans l’obligation de payer deux fois pour terminer leur trajet. Pour toutes les personnes à faible revenu qui peinent à joindre les deux bouts, ce double paiement était loin d’être anodin: il leur a causé pendant 14 mois un tort important et un stress financier supplémentaire à celui que leur a causé la pandémie!
Non, il ne suffisait pas juste « d’aller s’acheter des billets » ou « d’utiliser l’application »
Une majorité des gens qui paient en argent comptant sont les personnes itinérantes et les personnes à faible revenu. Justement à cause de leur précarité, elles ont beaucoup moins accès aux autres moyens de paiement que le reste de la population : moins accès à un téléphone intelligent, moins accès à une connexion Internet à la maison, moins de points de vente du RTC près de chez soi, peu de réserve monétaire pour payer à l’avance des lots de billets, etc.
Bref, les personnes à faible revenu sont parfois, souvent ou toujours dépendantes du paiement en argent comptant pour avoir accès au transport en commun. C’est pourquoi le maintien du droit de correspondre avec un papier demeure fondamental pour leur assurer cet accès à un moyen de déplacement. Or, dans toutes ses communications depuis mai 2020, le RTC s’est dédouané de sa décision en renvoyant la population aux autres modes de paiement disponibles (qui permettaient eux la correspondance). Le RTC a maintenu ce discours jusqu’à l’été 2021, y compris aux moments où le TRAAQ lui a exposé les raisons pour lesquelles cela pénalisait indûment les personnes à faible revenu. Pourquoi un tel manque d’écoute de la part du RTC?
Une meilleure sensibilité envers les personnes démunies est maintenant nécessaire
À l’été 2021, le RTC a finalement précisé que sa décision tirait son origine d’une consigne sanitaire donnée par la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité au travail (CNESST) aux sociétés de transport : « Lorsque c’est possible, éviter l’échange de papiers […]. La perception ne doit pas exposer le chauffeur d’autobus aux risques liés à la COVID-19.»
Le TRAAQ constate ainsi que le RTC a outrepassé la consigne de la CNESST, en interdisant les correspondances papier plutôt qu’en invitant la population à les éviter lorsque c’est possible. Pourquoi ne pas avoir fait comme la majorité des autres sociétés de transport? Pourquoi ne pas s’en être tenu à la consigne de la CNESST, qui offre un très bon compromis entre santé publique et besoins des personnes moins nanties?
Le TRAAQ n’apprête pas d’intentions malveillantes au RTC. Il constate tout simplement que les réalités et les besoins des personnes à faible revenu sont restés incompris, ignorés, banalisés et/ou peu considérés.
Le TRAAQ invite le RTC à être désormais plus sensible et à l’écoute des réalités et des besoins de ces personnes. Comme la majorité de celles-ci sont très peu enclines à faire des plaintes au service à la clientèle lorsqu’une situation leur cause un préjudice important, le RTC doit réfléchir à d’autres moyens pour développer cette sensibilité et cette écoute au sein de son organisation: mécanisme de représentation interne de groupes citoyens, adoption de critères de prise de décision
tenant compte des inégalités socioéconomiques, etc.