Québec, le 29 juin 2023

Lettre ouverte – La grève à nos portes: la parole aux citoyennes et aux citoyens!

Je m’appelle Emilie. J’anime un collectif qui rassemble  des citoyennes et des citoyens à faible revenu et des organismes qui rêvent depuis d’une ville aux transports collectifs abordables et répondant aux besoins des moins nantis.

Cette semaine, on a tenu une réunion d’urgence. À l’ordre du jour: la grève  du RTC du 1er au 16 juillet, rendue possible  par une décision du Tribunal administratif du travail (TAT). Le verdict est tombé. Les chauffeurs ne seront pas tenus de maintenir le service.

Je ne voulais pas y croire.

Nous nous sommes alors réunis dans notre salle communautaire, tous préoccupé.es.

Éric, qui a une mobilité réduite mais utilise le RTC, se demande comment il va se rendre à un rendez-vous médical prévu au début de la semaine prochaine.

Quant à Monique, l’idée même de la grève la rend nerveuse parce qu’elle a besoin du transport pour tous ses besoins du quotidien. 

Ghislain a un handicap visuel. On pourrait croire que la grève n’aura pas d’impact sur lui car il utilise le transport adapté. Et pourtant! La personne qui s’occupe de son entretien ménager ne se déplace qu’en autobus. Et comme c’est le cas de plusieurs citoyennes et citoyens, elle n’a pas les moyens de se payer un taxi! Il s’inquiète pour des voisines et voisins de son bloc qui reçoivent des soins d’hygiène au quotidien.

Ces exemples illustrent sans contredit que la possibilité même de combler des besoins aussi fondamentaux tels que se nourrir, se vêtir et se laver,  être soignés pourrait être compromise pour nombre de personnes.

Un jugement d’un autre siècle

C’est à se demander pourquoi dans le jugement du TAT, c’est l’impact sur la congestion routière qui est central dans la détermination de la possibilité de tenir une grève. En réunion, une personne partageait son impression que le cœur de leur préoccupation semblait être plus les voitures, pas les personnes!

Outre les critères de santé et sécurité sur lesquels se sont basés ce jugement, pourquoi ne pas ajouter la solidarité! Imaginez si chaque partie prenante commençait à prioriser cette question: quels impacts pour celles et ceux qui en ont le plus besoin pour combler leurs besoins de base?

Solidarité en construction

Nous reconnaissons que tant du côté du syndicat des chauffeurs que du RTC,  la considération déjà présente pour cette question. 

Le RTC comme la ville ont à maintes reprises démontré leur sensibilité pour les besoins des personnes à faible revenu en matière de transport. La réalisation la plus concrète en ce sens est la mise en place d’ÉquiMobilité.

Au syndicat, nous exprimons notre soutien aux travailleuses et travailleurs dans leur processus de négociation. De par le rapport de force qu’ils ont construit tant aux niveaux municipal que national, ils font le poids pour dénoncer la privatisation, la sous-traitance et défendre le caractère public et universel de ce service. 

Quant au Gouvernement de Québec, de par la distance du ministre du travail Jean Boulet face à ce dossier, comme par d’autres prises de position antérieures, il apparaît désinvesti sur la question des transports collectifs et désengagé à les financer à la hauteur des besoins. Cela ne peut que contribuer aux tensions déjà présentes entre municipalités et employés.

Quel que soit le chemin parcouru, chacune des parties prenantes a des pas à faire pour développer une vision intégrale de la solidarité en transport. 

Compte-tenu de l’ampleur des impacts qu’aurait la grève sur des milliers de citoyennes etcitoyens, nous espérons avoir contribué à l’avancée de la réflexion et appelons syndicat et RTC à trouver une entente rapidement!

Emilie Frémont-Cloutier, Collectif TRAAQ

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