L’accès au transport en commun pour les adultes à faible revenu

Qui est concerné à Québec ?

Dans la ville de Québec, environ 12,7% des adultes vivent dans une famille à faible revenu. Ce sont 54 155 adultes. 11  Statistique Canada (2016), « Québec, Ville [Subdivision de recensement], Québec », Profil du recensement, Recensement de 2016, Gouvernement du Canada,   Parmi ces personnes, une bonne partie n’a pas accès à l’un des tarifs réduits du Réseau de transport de la Capitale (RTC) (soit Étudiant+ ou 65+).

Plusieurs (ou la presque totalité) de ces personnes-là vivent en situation de pauvreté. Elles sont incapables de subvenir convenablement à leurs besoins essentiels (c’est-à-dire payer leur logement, leur nourriture, leur électricité et leurs vêtements).

Ces personnes disposent de peu ou d’aucun revenu dans leur budget pour les déplacements.

Elles n’ont vraiment pas les moyens d’avoir accès à une voiture (ou à des taxis).

Leur seule solution pour se déplacer efficacement dans toute la ville est le transport en commun. 

Pauvreté

La mobilité, c'est essentiel !

La mobilité (la capacité à se déplacer avec facilité), c’est un besoin essentiel à une vie décente!

C’est en se déplaçant qu’on a accès aux lieux, aux activités, aux services et aux personnes. 

La mobilité permet donc la réalisation de plusieurs droits fondamentaux de la personne (droit au travail, à une alimentation saine, à un logement adéquat, à des soins de santé, à la justice, etc.).

Le transport en commun est donc fondamental pour des milliers de personnes qui n’ont pas d’autres solutions de transport! Ce service public est indispensable pour permettre leur inclusion sociale, c’est-à-dire leur pleine participation économique, politique, culturelle et sociale à la société.  22  Comité consultatif de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale (2016), La mobilité, un droit déterminant. Bulletin no 20.

Mais, pour que ça se réalise pour les personnes à faible revenu, il faut que le transport en commun soit abordable et accessible ! 

Si ce n’est pas le cas, le manque d’accès à un moyen de transport sera pour elles un problème majeur.

À Québec, les personnes à faible revenu sont exclues du transport en commun

Nous remarquons que les personnes à faible revenu sont très peu considérées dans la planification des services de transport en commun. 

Cela fait en sorte que le transport en commun n’est pas adapté à leurs réalités. Il ne répond pas à leurs besoins prioritaires.

Finalement, elles se trouvent souvent exclues du système de transport en commun. Cette exclusion contribue à leur exclusion sociale plus généralisée.

Coût trop élevé

Les personnes en situation de pauvreté ont peu ou pas du tout de revenu dans leur budget pour les déplacements.

Depuis juillet 2021, les tarifs réguliers du RTC sont 89,75$ pour un laisser-passer, 3,20$ pour un billet unique, et 3,50$ pour un passage payé en argent comptant. 

Ces tarifs sont vraiment beaucoup trop élevés, selon les nombreux témoignages que nous avons reçus pendant notre enquête citoyenne (menée entre 2014 et 2016) et encore aujourd’hui.

Les personnes à faible revenu doivent souvent s’empêcher de se déplacer pour respecter leur budget restreint. 

Lorsque leurs déplacements sont absolument nécessaires, elles doivent couper dans leurs besoins essentiels (y compris la nourriture) ou, encore, s’endetter.

Dessin d'un citoyen de Québec, Ronald Lachapelle (2014)

Zones d'emplois et services essentiels mal ou peu desservis

La majorité des secteurs périphériques (les banlieues) de l’agglomération de Québec s’est développée – en partie ou totalement – en fonction des déplacements en automobile. 

Les différents services essentiels, les quartiers résidentiels, les commerces et les pôles d’emplois sont éloignés les uns des autres. S’y déplacer aisément à pied, à vélo ou en fauteuil n’est souvent pas possible.

Au centre-ville, plusieurs services essentiels sont aussi loin d’être accessibles. Par exemple, certaines cliniques médicales quittent le centre ville et les gens doivent faire de longues distances en autobus pour avoir accès à un médecin.

Le manque d’accès à plusieurs pôles d’emploi est aussi très préoccupant : L’horaire du transport en commun est pensé pour les emplois 9h à 17h, alors qu’une bonne partie des personnes dépendantes du transport en commun pour leurs déplacements ont des horaires atypiques. Par exemple, les travailleurs de la santé, les agentes et les agents de sécurité etc., avec des horaires sur 24 heures. La desserte vers les parcs industriels et d’autres pôles d’emplois comme les aires commerciales (Mégas centres) est vraiment insuffisante.

De façon plus générale, qui dit accès au transport en commun dit aménager des voies piétonnes et cyclables de sorte que l’accès au réseau d’autobus soit facilité. Ainsi, l’aménagement des divers modes de transport doit vraiment être complémentaire et intégré.

Des quartiers enclavés

Plusieurs personnes à faible revenu dépendent du transport en commun pour sortir de leur quartier et briser leur isolement. Sans compter les lieux publics comme la Base de plein air de Sainte-Foy qui ne sont desservis par aucun transport en commun, plusieurs secteurs défavorisés se trouvent «désertés» par des services de proximité De nombreuses personnes ont mentionné que le manque d’accès au transport en commun aggrave leur isolement social

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